Après huit ans d’exil en Côte d’Ivoire, l’ex président burkinabè était de retour au pays, la semaine dernière, pour répondre à l’invitation du pouvoir en place sur « la réconciliation nationale ». Celui-ci a régné pendant vingt-sept ans, le lendemain de l’assassinat de son prédécesseur et ami Thomas Sankara dans lequel il a été jugé coupable.
En quoi le retour de Blaise Compaoré est-il un vecteur de réconciliation au Burkina Faso ? Au nom de quoi Blaise Compaoré peut-il être un des parrains de l’actuelle politique intérieure Burkinabè ?
Le chef de la junte, le colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, a osé lâcher le pays en plein vol. C’est une grande moquerie à la lutte des uns et des autres. La lutte de tout un peuple. La lutte menée par les burkinabè et leurs amis africains. La lutte pour la justice, la dignité humaine, l’autodétermination, et l’autosuffisance. Quel que soit le prix de la réconciliation, il ne faut pas se moquer de cette lutte.
La rencontre entre l’actuel putschiste et les anciens putschistes sur le sol burkinabè n’a pas honoré la mémoire de Thomas Sankara et de toute sa suite, du moment où il y a eu libre participation d’un assassin notoirement jugé, et qui doit subir sa sentence. Pourquoi Blaise Compaoré continue-t-il de commettre des fautes si impardonnables ?
L’on ne parlerait de la vraie réconciliation que si le droit dit est appliqué. Et pour les peuples burkinabè et d’Afrique, il n’y a pas de négociation sur ce point. Non à l’impunité des crimes économiques et de sang ! Le pouvoir en place doit écouter ce vœu réitéré.
« Ces manœuvres politiciennes sont porteuses de menaces pour l’avenir du Burkina Faso. Elles trahissent l’esprit de l’insurrection populaire de 2014, de la résistance au putsch de septembre 2015 et la mémoire de tous les martyrs ». a écrit dans un communiqué, l’Organisation Démocratique de la Jeunesse du Burkina Faso.
Et d’ajouter « comme un seul homme, il faut rejeter cette réconciliation nationale qui consacre l’impunité aux dignitaires des différents régimes corrompus, particulièrement le clan Compaoré, sur le dos du peuple et de la jeunesse burkinabè. »
Dakar, le 15 juillet 2022
Pascal M. Muteba