Sénégal : Instabilité politique et sécuritaire

L’opposant Ousmane Sonko condamné dans l’affaire Mame Mbaye Niang.

Poursuivi pour diffamation, le maire de Ziguinchor, par ailleurs président du parti Pastef et leader de la coalition Yewwi Askan Wi, Ousmane Sonko, est déclaré coupable. Il est condamné ce jour par le tribunal de Dakar à deux mois de prison avec sursis assorti de 200 millions FCFA de dommages et intérêts.

Ousmane Sonko répondait donc de diffamation, d’injures et de faux en écriture contre le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang qui lui reprochait « d’avoir dit qu’il avait été épinglé par un rapport de l’Inspection générale de l’Etat à cause de la mauvaise gestion d’un fonds de 29 milliards de francs CFA alloués au Programme des domaines agricoles communautaires ».

Depuis le soir du 29 mars dernier, l’on a constaté du mouvement dans la défense d’Ousmane Sonko de ce jour au tribunal correctionnel de Dakar. Le leader du Pastef a annoncé dans la nuit « la suspension par le bureau de l’ordre des avocats » de l’un de ses principaux défenseurs, Me Ousseynou Fall. Quelques heures plus tard, sur Twitter, le compte de son avocat français Me Juan Branco annonçait son arrestation « à son arrivée au Sénégal ».

Cette procédure judiciaire a abouti à une ville morte à Dakar, capitale encerclée par les policiers et les gendarmes. Depuis le début de cette semaine, les populations vivent des jours d’incertitudes. De clivage. De surenchère. De violence. D’arrestations massives. En plus de cela, il n’y a pas de bus en circulation de peur d’être incendiés. Vacances scolaires et académiques de pâques anticipées par le ministère de l’Education et autorités académiques. Interdiction de circulation des deux roues ce jeudi à Dakar pour des raisons de sécurité. « Il y a de quoi s’inquiéter. Le pays est dans un état triste », soutient Cheikh Tidiane Diop, étudiant.

Toutefois, cette condamnation préserve la capacité du président du parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) à être candidat à la présidentielle de 2024, quand bien même les partisans de la coalition Yewwi Askan Wi continuent de dénoncer la mise à l’écart de leur leader aux échéances électorales prochaines.

Notons qu’une autre affaire judiciaire vise également Ousmane Sonko, accusé de viol. Pour l’instant, il n’y a aucune date fixée pour ce procès.

Pascal M. Muteba
Dakar, 30 mars 2023

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