El Hadj Souleymane Gassama, dit Elgas, a présenté son nouvel ouvrage intitulé « Les bons ressentiments. Essai sur le malaise post-colonial », à l’institut français de Dakar, sous le décryptage du prix Goncourt 2021, le Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, devant une audience avertie sur les questions critiques de l’histoire coloniale africaine.
Dans cet ouvrage, le journaliste, écrivain et sociologie sénégalais milite pour que les Africains assument leurs identités plurielles. Il prône l’éveil de conscience par la « liberté de se construire singulièrement à travers la lecture ». Car, pour lui, « l’émancipation est une démarche très personnelle ».
De Cheikh Anta Diop à Mohamed Mbougar Sarr, en passant par Léopold Sédar Senghor ou Yambo Ouologuem, Elgas passe en revue le chassé-croisé qui complexifie les relations intellectuelles et littéraires entre les auteurs africains et ceux de l’occident, tout en invitant ses pairs à s’ouvrir davantage au pluralisme des idées afin de faire face au malaise post-colonial persistant.
Toutefois, « au décolonial », l’auteur préfère « l’incolonisable ». Mais il se pose tout de même la question de savoir « à partir de quand a-t-on son certificat d’incolonisable ? ». Pour cela, il opine que « toute colonisation a vocation à échouer », et appelle les intellectuels africains à « ne pas extrapoler quand il s’agit de critiquer la verticalité des institutions ».
Même si pour Mohamed Mbougar Sarr, « les bons ressentiments sont toujours mauvais », l’ouvrage de El Hadj Souleymane Gassama paru le 2 mars 2023 aux éditions Riveneuve est une vraie source de réflexion qui permet de jeter un regard critique et radical sur l’étude des mouvances décoloniales.
Pour ce qui est de l’aliénation souvent évoquée dans le débat intellectuel public, l’auteur estime opportunément que « tenir tous les bouts de l’histoire coloniale africaine, sans obsession ni absolution, est une urgence ».
Pascal Muteba
Dakar, 6 mai 2023