Andrée Blouin : Histoire d’une militante de la décolonisation et du panafricanisme

La discussion ouverte du mercredi 3 décembre 2025 a porté sur le thème : « Andrée Blouin : histoire d’une militante de la décolonisation et du panafricanisme ». Animée par Elisabeth Dikizeko, docteure en histoire, cette activité a porté essentiellement sur la lutte et l’engagement d’Andrée Blouin en faveur de la justice et de l’émancipation des peuples africains.

Excellente oratrice et dotée d’une grande capacité de mobilisation, Andrée Blouin fut une figure importante de la lutte pour les indépendances africaines aux côtés de plusieurs leaders panafricanistes. De Sékou Touré à Patrice Lumumba, en passant par Kwame Nkrumah, elle a côtoyé et accompagné plusieurs grandes figures de la décolonisation dans les années 1960.

« Ces multiples rencontres avec de grands leaders panafricanistes ont fortement influencé sa personnalité et nourri son engagement contre les injustices subies par les Africains », a précisé l’historienne.

En réponse à une question portant sur l’événement déclencheur de son engagement panafricaniste, Elisabeth Dikizeko a rappelé un épisode marquant de la vie d’Andrée Blouin. Suite au décès de son fils, atteint de paludisme et à qui l’on avait refusé l’accès à la quinine à cause de ses ascendances noires, Andrée Blouin s’est sentie profondément blessée, non seulement en tant que femme noire, mais surtout en tant que mère.

Ce sentiment d’injustice et de discrimination a éveillé en elle une conscience politique aiguë et renforcé sa volonté de lutter contre les inégalités raciales. Son « radicalisme » trouve donc sa source dans les nombreuses injustices qu’elle a subies, à la fois en tant que femme et en tant que personne noire. « La radicalité se nourrit des injustices », a-t-elle rappelé.

Interrogée ensuite sur ce que devint Andrée Blouin après les indépendances africaines, la camarade Elisabeth Dikizeko a révélé plusieurs aspects, souvent méconnus mais marquants de son parcours. Après le vent de la décolonisation, Andrée Blouin a poursuivi son activisme. Elle a continué à militer pour différentes causes, notamment l’égalité des sexes, la lutte contre le racisme et la défense des droits des peuples noirs. Malgré la misogynie et le racisme persistants auxquels elle fut confrontée, elle n’a jamais renoncé à son combat.

Andrée Blouin est décédée à Paris le 9 avril 1986, à l’âge de 66 ans. Elle a laissé derrière elle l’image d’une militante déterminée, un héritage politique important ainsi qu’un ouvrage autobiographique majeur intitulé « My Country, Africa : Autobiography of a Black Pasionaria » publié en anglais en 1983.

En conclusion de son intervention, l’historienne Elisabeth Dikizeko a invité les femmes à s’inspirer du combat d’Andrée Blouin et à perpétuer son héritage. Elle a également insisté sur le rôle central de l’éducation et de la formation, affirmant que sans instruction, la jeunesse africaine ne saurait véritablement se libérer. À l’image d’Andrée Blouin, la femme africaine est appelée à s’engager contre les injustices, la misogynie et toute autre forme de domination.

Exaucé Diwilu/PM

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